sábado, 26 de fevereiro de 2011

Apologie d'Otto Preminger

par Jacques Lourcelles

Les films de Preminger, comme tous les films intéressants, montrent que le cinéma est un moyen d'expression exclusivement narratif. La liberté, l'invention, pour un cinéaste, ne consistent pas à mettre en doute cette structure narrative ni à vouloir s'en affranchir, mais à la faire oublier après l'avoir acceptée. C'est justement parce qu'il est, comme cela a été dit et répété, l'art du temps et l'art de l'espace que le cinéma ne peut prendre aucune liberté vis-à-vis du temps et vis-à-vis de l'espace. Une bonne histoire, on l'a vu; est celle qui tient le mieux compte du temps et de l'espace. En ce sens, toute bonne histoire est réaliste. Les films de Preminger aussi sont réalistes. Faut-il redire ici que le réalisme n'est pas une école d'art parmi d'autres écoles, mais ce par quoi les films sont des films, et non d'inutilisables morceaux de cellulose censés exprimer les affres et le déséquilibre d'une conscience coupée de la réalité et dont les manifestations relèvent alors plus de l'hôpital que de l'art, cet art fut-il le septième et surtout s'il est le septième, car c'est une loi au cinéma que tout ce qui ne s'y exprime pas par les moyens du réalisme y paraisse automatiquement inepte et maladif ?

[...]

L'essentiel, on commence de s'en apercevoir, serait plutôt dans ce réalisme, technique et moral, qui chez Preminger est toujours synonyme d'objectivité, de variété, de respest et d'esprit de discussion. D'intelligibilité aussi: et rien, aujourd'hui n'est plus important.

Depuis une dizaine d'années, en effet, à travers le monde, le titre et l'appellation d'auteur de films ont enfin été reconnus au metteur en scène, et parfois sur les ruines du star-system. Mais paradoxalement la même période a vu ces dits-auteurs, et ceux qui par diverses méthodes publicitaires s'attribuent ce titre, en profiter, profiter du nouveau titre pour "s'exprimer" certes, mais le plus souvent aux dépend des qualités élémentaires, et essentielles, de la photographie et du son, aux dépens également de la clarté et de l'intelligibilité du récit. Ainsi au moment précis où le public était le plus disposé à les accueillir, ces auteurs, renchérissant abusivement (pour imposer leurs fantasmagories personnelles) sur des pouvoirs à eux nouvellement conférés et qu'il interprétaient mal, se coupaient-il de lui, et mettaient-ils, à plus ou moins brève échéance, leur art en péril.

Ce péril est de l'heure même. Face à ce péril, les films de Preminger, libres et indépendants comme jamais films ne l'ont été, et donc moraux par là-mêmes, offrent à titre d'antidote l'exemple d'une oeuvre dont le contact grandissant avec le public n'ait pas arrêté, mais au contraire ait stimulé les progrès. Et ces progrès vont tous dans un même sens: le sens du strict réalisme.

Um comentário:

Christophe disse...

hé hé hé

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